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Nuisances sonores, coût… Le projet de taxis volants contesté par des communes franciliennes

Le groupe Aéroports de Paris, soutenu par son partenaire le constructeur allemand Volocopter et la région Ile-de-France, veut lancer l'expérimentation des taxis volants pendant les Jeux olympiques. Mais de nombreux élus, notamment situé sur le tracé de vol de ces taxis nouvelle génération sont contre.

C'est un projet coûteux et qu'ils jugent polluant. Ce mercredi 15 novembre, les élus de gauche de la région Île-de-France, accompagnés des maires d'Ivry-sur-Seine, du Kremlin-Bicêtre, de Gentilly et de Malakoff, ont publié un communiqué pour dénoncer le projet de taxis volants survolant une partie de la petite couronne, l'année prochaine.

Le groupe Aéroports de Paris, soutenu par son partenaire le constructeur allemand Volocopter et la région Ile-de-France, veut lancer l'expérimentation des taxis volants de mai à décembre 2024.

Pas de temps d'échange en banlieue

Mais de nombreux élus, notamment situés sur le tracé de vol de ces taxis nouvelle génération, veulent faire entendre leur mécontentement. Pour cause, deux lignes sont envisagées: l’une entre les aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et du Bourget, l’autre entre le quai d’Austerlitz et l’héliport d’Issy-les-Moulineaux.

"Nous apprenons que cette dernière liaison doit survoler, dans Paris, la Seine puis le boulevard périphérique à cheval sur les communes de Paris, Ivry-sur-Seine, Le Kremlin-Bicêtre, Gentilly, Montrouge, Malakoff, Vanves et Issy-les-Moulineaux", explique le groupe et les maires de gauche.

Les élus regrettent que les maires n'ont pas été informés préalablement de ce projet, au contraire de Paris, et que les communes soient exclues du périmètre géographique de l'enquête publique.

En effet, jusqu'au 8 décembre, les Franciliens peuvent donner leur avis sur l'expérimentation des taxis volants et la création d’un vertiport quai d’Austerlitz sur le site registre-numérique.fr. Cependant, le commissaire enquêteur du projet aura six permanences pour répondre à leurs questions, toutes situées dans le 12e ou 13e arrondissement de Paris.

"Pourtant, les taxis volants survoleront les territoires que nous représentons et leurs habitants à une hauteur de 150 mètres au-dessus des obstacles au sol. Trois décollages-atterrissages par heure sont prévus au maximum sur une plage horaire de 10 heures par jour, soit 1.900 vols durant la phase d’expérimentation de 8 mois", dénoncent les élus.

Des nuisances sonores inévitables?

Invitée de BFM Paris Ile-de-France ce jeudi 16 novembre, Céline Malaisé, présidente du groupe communiste écologiste citoyenne au conseil régional, explique que le groupe n'est pas contre l'idée de ce nouveau transport. "C'est un projet innovant, technologiquement très intéressant, mais qui n'a pas lieu d'être mis en place dès le mois de mai à Paris", estime l'élue.

L'agence environnementale émet des réserves et juge l'étude d'impact incomplète par choix. L'organisme veut plus d'éléments, notamment sur les nuisances sonores ou la consommation énergétique.

Une réflexion que rejoint Céline Malaisé. "Nous craignons des nuisances (...) Nous savons qu'une bande de 110 mètres de large, exposée au sol, a une hauteur de 60 à 65 décibels. C'est peu dans le bruit environnant mais c'est dans un ciel déjà qui est un des ciels les plus encombrés d'Europe", poursuit l'élue.

Dans leur communiqué, les maires opposés à ce projet s'inquiétent aussi des risques liés à la sécurité routière. "Alors que la fréquentation du tronçon du boulevard périphérique compris entre la Porte d’Italie et celle de Bercy dépasse 300 000 véhicules par jour, comment ignorer les conséquences pour les automobilistes qui pourraient être distraits par ces engins augmentant les risques d’accidents sur cet axe stratégique?", jugent les maires.

Un transport réservé aux "ultras-riches"

Céline Malaisé souligne, par ailleurs, que le prix est un frein important. ADP n'a pas encore communiqué d'informations officielles mais Volocopter avait annoncé une place à 110 euros minimum par trajet.

"Ça va être réservé à une certaine catégorie de la population, les ultras-riches", s'agace la présidente du groupe d'opposition au conseil régional.

"C'est beaucoup d'argent, qui peut être utilisé de manière utile socialement, notamment pour les transports du quotidien", tacle Céline Malaisé. "La région Île-de-France verse 1,5 million dans ce projet, ce serait 1,5 million qu'elle pourrait verser dans l'amélioration des transports du quotidien", juge l'élue.

Le groupe de gauche et les maires du Kremlin-Bicêtre, de Gentilly et de Malakoff demandent l'abandon du projet.

Les élus parisiens se sont également prononcés fermement mardi 14 novembre contre le projet d'expérimentation de taxis volants sur la Seine, pour les Jeux olympiques 2024, dénonçant un projet "absurde" et une "aberration écologique".

Alicia Foricher